Les managers doivent apprendre à gérer de nouveaux équilibres
Entre présentiel et télétravail, un mode de travail hybride voit le jour à la suite de la crise sanitaire.
Avant la pandémie, le télétravail était une pratique minoritaire : selon les dirigeants, seulement 28 % des collaborateurs étaient concernés. Cependant, l’urgence sanitaire a obligé les organisations à revoir leur modèle et à favoriser le télétravail, quand cela était compatible avec leur activité. Un véritable changement culturel s’est produit en l’espace de quelques semaines :
Globalement, le télétravail a progressé dans les mêmes proportions dans toutes les entreprises jusqu’à doubler en un an.
La tendance est particulièrement forte pour les travailleurs franciliens : 80 % d’entre eux ont intégré le télétravail à leurs pratiques contre 40 % pour l’ensemble des travailleurs en France.
On peut expliquer ce fort écart par des déplacements en transports en commun domicile / lieu de travail particulièrement longs et perçus comme risqués au niveau sanitaire.
Bien plus qu'une tendance passagère, le télétravail est en train de s'inscrire comme un nouveau mode de travail à part entière. Un retour en arrière est même difficilement envisageable.
Seulement 38 % des dirigeants et 23 % des collaborateurs pensent que le « tout-présentiel » sera le modèle dominant dans le futur.
Cette observation est particulièrement partagée par deux catégories de salariés :
À l’inverse, les dirigeants sont plus nombreux à penser que le « tout-présentiel » représente la configuration de travail idéale : 55 % sont de cet avis, soit un écart de 25 points par rapport aux 30 % de collaborateurs qui préfèrent cette solution aux modèles hybrides ou à distance.
Pendant de nombreuses années, la configuration du lieu de travail n’a pas été questionnée : tous les collaborateurs devaient se réunir dans un même espace afin de travailler ensemble. Comme nous l’avons vu, il n’a fallu que quelques mois de pandémie pour défaire cette idée préconçue.
Le recours, parfois brutal, au télétravail généralisé lors du premier confinement a été un choc. Puis, les organisations ont réussi à s’adapter à ce nouveau fonctionnement, notamment grâce à l’implication des managers de proximité.
Cependant, même s’il est en général très apprécié, le « tout-télétravail » n’a pas vocation à devenir la norme pour les prochaines années.
Il est même unanimement rejeté par les dirigeants et les collaborateurs, souvent à cause du manque d’équilibre entre vie personnelle et professionnelle et de l’absence d’échanges informels.
Seulement 1 % des dirigeants et 4 % des collaborateurs pensent que cette configuration va dominer dans les entreprises dans le futur.
Seulement 7 % des collaborateurs la souhaitent pour eux-mêmes.
Pour 56 % des dirigeants et 42 % des encadrés, la configuration privilégiée pour les prochaines années est hybride et fonctionne « à la carte ». Plutôt que de travailler sur un mode « tout-présentiel » ou « tout-télétravail », ce mode de travail hybride laisse aux collaborateurs le choix de leur lieu de travail - avec par exemple 1 à 2 jours par semaine dans les bureaux et le reste du temps en télétravail.
Avec ce modèle hybride, les lieux de travail se dotent de fonctions distinctes : les bureaux de l’entreprise sont privilégiés pour des moments d’échanges et de socialisation, tandis que le domicile est dédié aux tâches demandant de la concentration (aussi appelées deep work). Cette aspiration est logique après des années de critiques des bureaux open-spaces, souvent perçus comme nuisibles pour la concentration.
En somme, l’objectif serait de combiner les avantages des deux configurations pour permettre aux collaborateurs de bonnes performances, dans un cadre propice à l’épanouissement.
Cependant, ce modèle ne fait pas complètement l’unanimité.
Cette réticence des dirigeants peut s’expliquer par le coût de ce modèle. En effet, les bureaux ne sont ici pas complètement optimisés, ce qui représente un vrai manque à gagner.
Si les entreprises souhaitent vraiment mettre en place ce modèle hybride, les questions sont nombreuses :